18e édition du Salon des vins de Vaudreuil-Soulanges 2023

22
Mar

Salon des vins pour les nuls / chronique de la 6e semaine avant le Salon

Sylvain Vaillancourt, sommelier consultant.

Sylvain Vaillancourt, sommelier consultant.

Comment déguster un vin et surtout comment en parler de manière compréhensible? Bien que les arômes soient dans la bouteille, le « goût » du vin et les mots pour l’exprimer sont dans la tête du dégustateur.

« Ce très beau vin de Bourgogne à la robe rubis clair et aux arômes de petits fruits rouges bien mûrs nous présente une bouche à la fois rafraîchissante et ronde, bien supportée par une trame tannique fine et élégante. D’une belle longueur en bouche, la persistance aromatique est sur des notes de framboise et de cerises à l’eau de vie avec une pointe de cuir sur la finale. »

On rencontre fréquemment ce genre de commentaire de la part de dégustateurs professionnels. Ayant acheté le même vin, vous testez vos perceptions. Sur la couleur, vous êtes d’accord mais sur le reste, ça se complique. Vous n’êtes plus tout-à-fait sûr de reconnaître la fraise ou la framboise. Est-ce que cette « trame tannique » est cette légère astringence que vous percevez en bouche? Est-ce que les notes de cerises à l’eau de vie avec une pointe de cuir est cette odeur un peu bizarre que vous n’arrivez pas à définir?

Ne vous en faites pas, avec la pratique cela viendra. N’oubliez pas que si des chroniqueurs réputés dégustent à l’aveugle plusieurs vins de suite, sans savoir ce qu’ils goûtent, il y a de bonnes chances que le coup de cœur de l’un se retrouve à la fin de la liste de l’autre.

Quelle leçon tirer de cela? Les vins dégustés par les critiques sont fort probablement tous bons, à tout le moins exempts de défauts, mais la façon dont ils ressentent et expriment les arômes, les saveurs et les textures peut être très subjective. L’acuité sensorielle, le cerveau et le vécu de chacun y est pour quelque chose.

Comment faire? Il faut s’entraîner. Et cela peut être au moins aussi amusant que le gym! Ce n’est pas inaccessible et c’est loin d’être ennuyeux si l’on est entre amis et que l’on fait preuve d’un peu d’humilité.

Comme premier exercice, prenez des bouteilles d’eau pure et ajoutez-y du sel, du sucre, de l’acide citrique ou tartrique, de l’alun pour l’astringence et de la quinine pour l’amertume. Bien entendu, chaque produit dans une bouteille différente et allez-y doucement avec la quinine….c’est très amer! Ces produits se trouvent facilement dans le commerce, épicerie ou pharmacie.

Gouttez ces solutions et notez les sensations ressenties puis diluez progressivement chacune d’elles en les gouttant de nouveau à chaque fois jusqu’à ne plus rien percevoir. Vous aurez alors découvert vos seuils de perception personnels. Si vous faites l’exercice en groupe, vous remarquerez alors que ces seuils de perception varient selon les individus.

Une personne qui, habituellement, « mange très salé » aura un seuil de perception à la solution salée très différent de celui qui ne sale jamais sa nourriture par exemple.

Maintenant amusez-vous, la semaine prochaine nous verrons comment ces sensations gustatives peuvent interagir entre elles.

sylvain-vaillancourt-background-etageresÀ déguster si le cœur vous en dit :

Colonia Las Liebres, Bonarda 2009

Vin rouge de la région de Mendoza en Argentine produit par le duo Antonini et Pagli de Altos Las Hormigas. De couleur rubis moyen, ce vin est non boisé et nous présente donc sans artifices ce que ce cépage originaire du Piedmont peut nous offrir dans ce terroir sud-américain. Arômes francs et assez intenses de cerise noire, réglisse, menthe (ou serait-ce le menthol?). L’acidité est fraîche, les tanins souples et le vin est rond, juteux et d’une bonne longueur en finale. On croirait boire un Barbera mais en plus fin.

13,10 $

Code SAQ : 10893421

Laisser un commentaire